Daniel Patrick Welch - click to return to home page


    English versions 
Arabic versions - Saudi Arabia Catalan versions Croatian versions Czech versions Danish versions Nederlandse versies Finnish versions Versions Françaises Galician versions German versions Greek versions Indonesian articles Le versioni Italiane Japanese versions Urdu versions - Pakistan Polish versions Portuguese articles Romanian versions Russian versions Serbian articles Las versiones Españolas Ukrainian versions Turkish versions

 

 

 

Chantez jusqu’à ce que la puissance du Seigneur descende sur nous
Les chants augmentent les promesses et l’intérêt d’étudier les droits civils

(1/08)

Ceux qui oublient le passé sont condamnés à le reproduire. Si c’est exact, les Etats-Unis sont englués dans une sorte de Journée la Marmotte, condamnés à jamais à se taper la tête bien musclée contre les murs de l’histoire, de la raison et de la décence dans le monde entier. L’Histoire, en quelques mots, n’est tout simplement pas le fort des Américains. Et tout comme l’enfant qui ne se souvient pas de s’être brûlé au poêle chaud, on dirait que nous voulons apprendre de la manière la moins agréable possible.

Ce qui fait peut est que nous vivons à une époque où il faut connaître cette histoire mieux que par le passé ; et pourtant en même temps, l’expérience de deux guerres déclarées en quelques années à peine vont peut-être ne pas suffire à en déclarer une troisième. Avec l’arrivée de la journée consacrée à Martin Luther King Jr., l’heure est vraiment à rappeler aux jeunes leur histoire, celle qu’ils avaient presque oubliée. Et c’est pourquoi, là où j’enseigne, nous essayons de le faire.

Puisqu’on peut pardonner aux jeunes enfants de ne pas connaître ce qu’ils n’ont pas encore appris, il est souvent moins frustrant de leur faire cours que d’avoir à faire face à l’ignorance crasse des adultes en ce qui concerne l’histoire. Mais il est étonnant de constater que les scènes frappantes de la lutte pour mettre un terme à l’apartheid américain semblent si lointaines. 

Les élèves sont assis là et écarquillent les yeux quand on leur raconte comment on vivait à l’époque de Jim Crow. Ils n’ont pas encore avalé la complainte de “l’Amérique über alles” qui empoisonne la société dans laquelle ils vivent. Ils sont choqués lorsqu’on leur parle de chiens, de tuyaux d’incendie et de foules blanches en colère et qu’ils le voient à la télé ou au cinéma. Un adorable petite garçon de quatre ans me regarde avec des yeux horrifiés : « Pourquoi les blancs ont fait cela ? » Je mets ma malice et le choc de la réalité de côté et je ne donne pas la vraie réponse : “Les Blancs sont des exploiteurs, mon chéri. Qu’est-ce qu’on peut y faire ? Mais pas toi - tu es un gentil petit garcon.” Pour être sérieux, il ne faut pas que les explications deviennent une défense morale. L’esprit d’un jeune enfant rend les choses plus difficiles, mais il ne faut pas que la morale entre là dedans. Elle va disparaître assez rapidement, quoi qu’il en soit, et malheureusement la plupart des enfants vont devenir comme leurs aînés : bafouiller et tourner autour du pot alors qu’il faut être clair et en colère. 

Pour l’heure, pendant qu’ils nous écoutent, on peut semer les graines qui, si elles sont arrosées régulièrement, vont peut-être donner quelque chose. Une petite Noire de sept ans, est touchée par l’histoire de Melba Patillo et le Little Rock Nine, et les larmes coulent sans retenue : « Elle n’a même rien fait – elle voulait simplement aller à l’école ! » dit-elle en pleurant. Et cette émotion est très forte. Si nous sommes tellement peu nombreux à nous souvenir de notre histoire, c’est peut-être parce qu’elle a été expurgée de toute émotion qui est justement ce qui nous fait comprendre l’impact de l’histoire sur nos vies.

Une manière de conserver ce lien est la musique. Lorsqu’on étudie les droits civils, heureusement, il y a un vivier très riche de tradition orale, de gospels et de chants d’église qui sont recyclés et remis au goût du jour et qui ont été à la base du mouvement. Et avec un peu de pratique, les enfants les chantent et les fredonnent pour eux-mêmes, mais aussi pour les autres, dans la cour de récréation, au déjeuner et en faisant leurs devoirs de math. Ils ne les chantent pas uniquement en cours de musique ou pendant le mois de l’histoire des Noirs.

C’est très gratifiant, mais c’est bien plus que juste chanter des chants. Ces chants spécifiques nous permettent d’aller au plus profond de l’esprit de résistance qui a alimenté le mouvement, et d’éviter l’hagiographie insipide qui malheureusement est devenue beaucoup trop courante dans les fêtes scolaires de Martin Luther King Day. La plupart des écoliers absorbent consciencieusement la version épurée, édulcorée et améliorée de la lutte, cette stupidité qu’est le sentiment du pourquoi ne peut-on pas tous s’entendre et qui est l’histoire d’un homme bon qui faisait le bien. Mais former un cercle et chanter, une fois par an, « Nous vaincrons » est un triste destin pour l’histoire de la période la plus importante de l’histoire américaine pour les changements qu’elle a apportés.

Le message de Martin Luther King et son programme concernaient les changements radicaux, il voulait faire face à l’autorité illégitime, et il prônait le courage de faire face à l’injustice sans céder. Un catalogue plus élaboré de chants révèle ces idées à un auditoire qui veut savoir pendant qu’on entend dans la classe les premières paroles de « Chantez jusqu’à ce que la puissance du Seigneur descende sur nous ». 

Les paroles simples sont riches d’enseignements sur l’histoire à la portée de tous. La puissance de la musique doit permettre de donner du courage à tous ceux qui sont confrontés aux matraques, aux balles et aux flics violents… « Levez la tête/N’ayez pas peur/Chantez jusqu’à ce que la puissance du Seigneur descende sur nous ». Le besoin de clarté morale et le refus de courber l’échine devant l’oppression… « Juste comme un arbre qui vient d’être planté par l’eau/ Nous ne cèderons pas… » Aux comptoirs des bars et dans les restaurants partout, ce besoin d’action collective a été un ingrédient essentiel du succès. Il peut s’avérer très dangereux d’avouer une position si on n’est pas soutenu et suivi par une foule de gens qui peuvent relever le défi une fois que vous serez arrêté. « Si je maintiens la paix et laisse le Seigneur combattre à ma place/ La Victoire, oui la victoire sera la mienne. »

Et c’est toujours et encore la même leçon. Le mouvement était très au fait des forces d’opposition : “Ce monde est un vaste champ de bataille/Avec des forces toutes prêtes/Mais dans mon cœur je ne me rends pas/Je gagnerai un jour. » Mais toujours, cette idée et ce sens de ce qui est inévitable les a empêchés de sombrer… « Si vous ne m’attrapez pas dans les champs de coton/venez au tribunal/je voterai là-bas… » La constance et la détermination ne sont pas toujours récompensées, mais elles comptent beaucoup dans le succès… « Les seules chaînes qu’un homme peut supporter/ ce sont les chaînes humaines/Continuez à regarder le prix/Continuez, ne cédez pas… »

Organiser et la solidarité étaient essentiels… « Venez et allez avec moi dans ce pays.. » « ..J’ai demandé à mon frère de venir avec moi.. » Mais bien sûr, la lutte est longue et les défaites épisodiques ne doivent pas assombrir notre vision… « Si tu ne peux pas venir/Laisse tes enfants y aller. » et toujours, cette vision doit être concrète et claire si un mouvement de masse doit survivre… » on ne brûle pas les églises dans ce pays.. » Ce côté concret et ce que les jeunes comprennent. Les contradictions de la rhétorique sur la « démocratie » sont aussi mûres que l’insistance pour une réforme immédiate… « Le soldat noir a dit/Moi, J’ai fait un vœu/Je me battais pour ma liberté/Et je la veux maintenant, tout de suite ! »

Nous avons presque les larmes aux yeux de regarder les enfants gober cet esprit de promesses, d’espoir pour un monde différent. Peut-être que Jim Crow n’existe plus, mais le racisme persiste ; et en plus, vers la fin de sa vie, Martin Luther King était de plus en plus certain qu’il était impossible de le traiter sans ces deux jumeaux dans le mal : le militarisme et l’exploitation économique – la lutte contre ces deux font partie intégrante de son héritage, et si on ne les inclut pas dans cet héritage, il manqué quelque chose. Il serait très étonné de voir à quel point les deux se sont emballés, et sont restés sans changement depuis sa mort. Il ne faut pas se décourager, ne pas regarder autour de nous pour voir à quel point nous nous sommes éloignés. Les enfants approuvent et vibrent, et nous sommes pris d’un sentiment de fièvre, peut-être que nous avons choisi quelque chose des mêmes chants, sachant que la lutte est longue et que l’histoire a sa manière de remettre les pendules à l’heure : « Si vous ne pouvez pas venir/Ne m’en empêchez pas/Je suis en route/ Seigneur Dieu, je suis en route… »

© 2008 Daniel Patrick Welch. Reproduction et diffusion encouragées.
Traduit par Marie Wagner, Malta

^  Top  ^


Welch vit et écrit à Salem, Massachusetts, USA, avec sa femme, Julia Nambalirwa-Lugudde. Ensemble ils font fonctionner The Greenhouse School Cet article a aussi été diffusé sur KFJC Los Altos Californie. Que les personnes intéressées à diffuser la version audio (enregistrement électronique disponible) veuillent bien contacter l'auteur. Welch parle plusieurs langues et est disponible pour des enregistrements en français, allemand, russe et l'espagnol à condition d'une traduction fiable, ou, sinon, pour des échanges téléphoniques dans la langue-cible. Il a aussi chanté et récité lors d'événements antiguerre et il est disponible (libre) pour un nombre limité d'engagements sous réserve de son agenda. D'autres articles, autocollants pour des manifestations à venir et d'autres "matériaux" sont disponibles sur : danielpwelch.com